Dans l'observance fidèle de la Loi mosaïque, Joseph et Marie introduisent leur fils dans le plan salvifique du Père. c'est la tâche éternelle des parents
de Mgr. Silvano Macchi
TParmi les événements de l'enfance de Jésus, l'Évangile de Luc rappelle la purification de sa mère et la présentation de l'enfant au temple.
Il s'agit d'un passage long et complexe (Lc 2, 22-40) qui est proclamé dans la liturgie aussi bien à l'occasion de la fête de la Présentation (Chandeleur) qu'à celle de la Sainte Famille.
La scène évangélique – qui est la suite naturelle de la circoncision et de l’imposition du nom – décrit la Sainte Famille entière réunie dans le temple de Jérusalem, lieu où la Loi mosaïque a trouvé son accomplissement. La Loi elle-même est le cœur de tout le passage ; en fait le terme apparaît cinq fois, à la fois en référence au sacrifice offert en faveur de la mère, et à propos du rite de la présentation de Jésus, qui étaient les deux prescriptions inséparables en vue de la purification après la naissance de chaque enfant du peuple juif.
L'insistance de Luc ne vise évidemment pas à proposer le respect d'un formalisme juridique, mais plutôt à préparer le passage de la Loi à Jésus-Christ à travers l'accueil de l'Esprit Saint, comme le démontrera clairement l'apôtre Paul : « Lorsque les temps ont été accomplis, Dieu a envoyé son Fils, né d'une femme, né sous la Loi, afin qu'il rachète ceux qui étaient sous la Loi, afin que nous recevions l'adoption filiale. Et parce que vous êtes fils, Dieu a envoyé dans nos cœurs l'Esprit de son Fils, lequel crie : Abba ! Père ! » (Ga 4, 4-6).
Je laisserai de côté les versets concernant la purification de la mère, ainsi que le récit de la rencontre avec le juste et craintif Siméon et la très pieuse veuve Anne, pour me concentrer sur la figure de Joseph ou plus largement sur les gestes accomplis par la Famille de Nazareth.
On peut supposer que Marie et Joseph étaient impatients d’amener Jésus au temple, non seulement pour obéir à la Loi, mais aussi pour en savoir plus sur leur fils. Saint Luc nous montre ainsi les premiers pas, très importants, accomplis par la Sainte Famille, lorsque Joseph et Marie se rendirent au temple pour demander à Dieu les instructions afin d'accomplir avec soin et reconnaissance la tâche qui leur avait été confiée, difficile alors comme aujourd'hui : être parents.
Il devrait en être ainsi pour chaque père et chaque mère, même à notre époque. Présenter le « temple » aux enfants devrait nous aider à comprendre qui est réellement un enfant et à répondre à certaines questions fondamentales : Quelle bénédiction est un enfant ? Quelle grande tâche le fils propose-t-il à son père et à sa mère ? Comment être de bons parents ? Des questions toujours valables, mais particulièrement actuelles et urgentes dans une période « d’urgence éducative » comme la nôtre. Il serait vraiment nécessaire que les parents trouvent dans le « temple », c’est-à-dire dans les communautés chrétiennes, des personnes avec une solide expérience (comme Siméon et Anne) ou peut-être un prêtre qui « voit loin », qui soit rempli de l’Esprit Saint, pour demander avec confiance d’être guidés et éclairés dans l’éducation chrétienne de leurs enfants.
C'est ce que, selon leurs traditions, Marie et Joseph ont également fait à travers les gestes et les rites qu'ils ont accomplis, montrant ainsi qu'ils étaient autoritaires parce qu'obéissants et donc capables d'enseigner à leur fils la beauté de l'ordre qui régit le monde. À cet égard, Marie et Joseph représentent bien la tâche que chaque mère et chaque père doivent assumer avec responsabilité.
Très souvent, les parents préféreraient ne pas s’imposer, mais ils échouent ainsi dans leur tâche d’autorité, se justifiant peut-être par les banalités et les clichés de la culture dominante. Au contraire, un père et une mère – qu’ils le veuillent ou non – sont une autorité pour leur enfant, ils représentent ce système de relations, de traditions, de souvenirs, d’exemples qui devient une racine solide et un principe de stabilité. Ils ne peuvent pas se mettre en retrait, laissant la croissance et l’éducation de leurs enfants être déléguées à leurs relations avec leurs pairs.
Être une « autorité » signifie rendre un service, c’est-à-dire faire comprendre que la vie ne peut pas se développer selon le désir ou le plaisir, mais doit être orientée vers le bien dans la perspective de la croissance humaine et de la formation chrétienne.
Revenant au récit de l'Évangile, après avoir accompli les rites de la Loi qui insèrent pleinement l'enfant Jésus dans le peuple de Dieu, la Sainte Famille rentre chez elle. Le passage se termine par un verset qui résume toute l'enfance de Jésus jusqu'à l'âge de douze ans : « L'enfant croissait, se fortifiait, se remplissait de sagesse, et la grâce de Dieu reposait sur lui » (Lc 2, 40). De cette manière, l’assistance divine est soulignée : le Père prend soin de lui non seulement parce qu’il l’aime, mais aussi parce qu’il a un projet sur lui, et Jésus, soutenu de cette manière, grandit et devient plus fort.
Nous ne savons rien d’autre de cette période ; seuls les évangiles apocryphes tenteront de combler cette lacune avec imagination. Marie et Joseph sont à nouveau obéissants et conscients de leur tâche : ils deviennent des instruments dociles de l'œuvre de Dieu qui forme et fait grandir cet enfant en grâce et en sagesse pour le préparer à sa tâche dans la vie.
Saint Joseph, qui dans les Litanies est appelé décus de la vie domestique, « décorum de la vie domestique », aide les parents à prendre soin de leurs enfants, à les élever avec sérénité et harmonie, à les orienter sur les chemins du bien, afin que chaque foyer et chaque famille ne soient pas un refuge, mais un lieu où avec liberté et amour s'apprennent les valeurs fondamentales de la vie, la première et décisive école où l'on apprend à devenir vraiment « grand ».