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La carte. Gualterio Bassetti est revenu sur la maladie Covid qui l'a frappé à l'âge de 78 ans. Je suis resté dix jours aux soins intensifs, avec une aggravation brutale, puis j'ai entamé cette amélioration lente, progressive et en quelque sorte miraculeuse qui se consolide. Aujourd'hui, le cardinal est de retour dans son diocèse de Pérouse, où il passera Noël parmi son peuple. Il a voulu parler de ses journées à l'hôpital et d'autres questions au centre de la vie ecclésiale italienne dans une longue interview avec Avvenire, dont nous rapportons quelques passages.

Votre Éminence, que devons-nous attendre de ce Noël après une année si difficile ?

Il faut s’attendre à une célébration merveilleuse et extraordinairement actuelle. Don Divo Barsotti, il y a de nombreuses années, nous invitait à célébrer Noël « non pas comme une attente de la manifestation finale du Christ ni comme un simple souvenir d'un événement passé » mais à le vivre pleinement comme « notre rencontre avec Lui » dans le Temps présent. Il s’agit en effet d’une rencontre qui a lieu aujourd’hui, en 2020, et qui nous projette dans un avenir joyeux qui n’est pas sur terre mais au ciel. Cette rencontre avec Dieu se renouvelle continuellement car, comme le disait toujours Don Divo, chaque Noël est « absolument nouveau pour l'homme » et nous invite à garder à l'esprit deux aspects fondamentaux. Tout d’abord, Jésus est né dans une étable : Dieu ne s’est pas manifesté dans une conférence d’intellectuels ou dans une réunion de corporation, mais parmi les moindres et les plus simples. Deuxièmement, Jésus est né dans une famille avec un père et une mère qui, aujourd'hui plus que jamais, représentent un modèle de vie pour tous les chrétiens. Le pape François a proclamé une année spéciale pour Saint Joseph. Il serait très agréable que les familles méditent sur sa figure et sur le rôle du père au sein des familles d'aujourd'hui. Nous avons grand besoin de femmes et d'hommes qui, sans fuir les responsabilités ou au contraire sans se transformer en maîtres, sachent se rendre disponibles au projet de Dieu avec simplicité, humilité et charité.

Cependant, de nombreux pères et mères se trouvent dans une situation de travail critique ou ont même perdu leur emploi pendant la pandémie.

La crise sociale ouverte par la pandémie est une blessure grave pour notre société qui touche tout le monde : même ceux qui n’ont pas de problèmes de travail. Le travail est sacré, il ne faut pas l'oublier. Ce n'est pas seulement une source de revenus, mais il assure la dignité de la personne et est fondamental pour la vie des familles. Cette crise s'aggrave un tissu social du monde contemporain déjà déchiré et affaibli depuis un certain temps. Une lacération qui fait progressivement disparaître le sens profond de la fraternité, de la communion et du vivre ensemble. C'est pourquoi l'encyclique du pape François Tous les frères cela a une valeur prophétique. Nous ne pourrons jamais sortir de cette double crise, économique et sanitaire, avec une mentalité individualiste ou en cherchant de nouveaux propagateurs parmi les prétendus responsables de la crise. La pandémie est une grande épreuve pour nous tous. Une épreuve dans laquelle chacun de nous est appelé à témoigner de sa foi et de son amour pour les autres.

Elle a vécu l’infection, l’hôpital, les soins intensifs, le corps qui pouvait faillir, puis les progrès. Qu'est-ce que le coronavirus ?

C'est un corps étranger qui prend possession de votre personne et vous vide de l'intérieur. C'est terrible : cela vous enlève non seulement votre énergie physique mais aussi votre énergie psychologique et je dirais spirituelle. Cela vous réduit soudainement à l’état de larve.

Dans les épreuves, comme dans une maladie grave, il y a ceux qui prétendent expérimenter le silence de Dieu. Et vous ?

Je dirais non. Aussi longtemps que j'en ai pu, j'ai continué à prier non seulement pour moi mais aussi pour tous ceux qui souffrent et à invoquer l'aide du Seigneur pour lui demander pardon pour mes manquements. Lorsque vous êtes sur le point de rendre compte de votre vie, vous vous souvenez des énormes possibilités de bien que Dieu vous a présentées et que vous n'avez pas exploitées en raison de vos limites ou de vos omissions. C'est comme si vous vouliez rattraper tout ce que vous n'avez pas pu faire.

Les paroles d'Ugo Foscolo et de saint Jean de la Croix ont accompagné ses moments les plus dramatiques à l'hôpital.

J'ai l'impression d'être revenu à mes bases culturelles et spirituelles. Pendant que j'examinais ma conscience, j'imaginais la fin de ma vie telle que la décrit Foscolo dans Merci, poème qui a vu le jour dans la villa Bellosguardo de ma très chère et bien-aimée ville de Florence. Foscolo compare l'existence humaine à un danseur qui « descend une pente d'où personne ne monte ». Eh bien, je pensais à ma vie comme si c'était cette colline. Une colline qui était aussi belle, où j'ai rencontré des exemples prophétiques de sainteté et de dévouement total au Ressuscité, mais qui à ce moment-là descendait, descendait... sans aucune trace de remontée. En même temps, j'ai réalisé combien était vrai ce que disait saint Jean de la Croix : au soir de la vie, nous serons jugés sur l'amour, sur la charité. C'est pour cette raison que lorsque j'ai compris que le corps répondait au traitement grâce à l'intervention de la main puissante du Seigneur et au professionnalisme d'excellents professionnels de la santé, j'ai ressenti le désir de dépenser encore plus pour chacun.

mon prochain, à commencer par ceux qui sont pauvres, fragiles, faibles, marginalisés, oubliés. En fait, la pandémie nous enseigne qu’elle doit aussi être abordée avec solidarité, avec altruisme désintéressé, avec attention aux moindres. Et j'ajouterais une action politique dans laquelle chacun contribue au bien de l'Italie, en bannissant les conflits, les gains électoraux et les intérêts partisans. L’heure est à l’unité et non aux divisions stériles ou spécieuses.

Une mobilisation priante a marqué sa maladie ainsi que celle de tous les malades du Covid.

J'ai ressenti la force et l'efficacité de la prière qui est un réconfort.

Dans la phase la plus aiguë, lorsque toute énergie fait défaut, vous ne pouvez que vous abandonner au Père. Alors que j'étais sous le casque et que ma tête avait l'impression qu'elle allait exploser, la prière était une offrande. J'ai répété : « Seigneur, tout pour toi. J'ai alors compris ce qui est écrit dans la grande salle du sanctuaire franciscain de La Verna, dans le diocèse d'Arezzo-Cortona-Sansepolcro, où le frère Léon dit à saint François stigmatisé : « Père, je vois que tu souffres beaucoup. Voulez-vous que je vous lise un passage de l'Écriture ?" ; et le saint répond : « Maintenant, pour moi, ce qui compte, c'est de regarder le Christ. Et le Christ crucifié. »

Le pape était proche d'elle, comme en témoignent ses appels téléphoniques répétés.

J'ai entendu qu'il appelait et il disait toujours qu'il priait. Je le sentais comme un père et un ami. J'ai surtout perçu la prière d'intercession de Pierre invoquant Dieu pour un pauvre successeur des apôtres en difficulté.

Le pape François a défini les médecins et les infirmières comme les « saints d'à côté » ; elle les appelait « anges ».

J'ai expérimenté à quel point l'amour déborde à l'hôpital. J'ai rencontré des médecins retraités qui sont revenus au service en raison de cette crise sanitaire ; des médecins qui ne connaissent pas les horaires en cas d'urgence ; des très jeunes qui se spécialisent et qui vous montrent leur passion du don d'eux-mêmes ; des infirmières « enfants » et des infirmières dont vous dépendez à tous égards et qui font tout ce qu'elles peuvent pour vous. Pendant les quarts de nuit, je les voyais aussi prier. Voici le noble visage de la jeunesse. J'ai goûté la bonté que Dieu a inscrite dans le cœur de l'homme. Une bonté qui surprend.

Il sera président de la CEI pendant encore un an et demi. Comment allez-vous gérer cet engagement ?

Les Latins disaient : motus en vitesse fine. Nous devons être plus rapides à la fin. Et saint François, peu avant sa mort, expliquait à ses disciples : « Commençons à faire quelque chose... ». Si le Seigneur me donne la force, j'entends faire le plus possible avec tous mes frères évêques et avec des femmes et des hommes de bonne

volonté qui le désire.

Pourrez-vous également donner suite à la rencontre pour la paix en Méditerranée que vous souhaitiez et qui a réuni pour la première fois en février dernier à Bari les évêques du bassin ?

Ce fut le début d’un engagement qui doit certainement être poursuivi et qui a été interrompu, dans sa dimension publique, en raison de la pandémie. Cependant, ces derniers mois, pendant la crise sanitaire, nous avons continué à œuvrer pour poursuivre cette expérience. Et en octobre, nous nous sommes réunis à Rome avec le comité scientifique pour organiser les futurs engagements. Bientôt, j'aimerais donner vie à certains événements. En attendant, je me réjouis de la visite du Pape en Irak, prévue pour mars prochain et soutenue par le patriarche Sako, qui a tant dépensé pour notre rendez-vous en Méditerranée. Le Pontife nous montre une fois de plus le chemin. C'est à nous de le suivre.

 

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