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Dieu ne te demande pas plus

par Eraldo Affinati

Un mode de vie responsable devrait être la base du pacte pédagogique. Le fondement de tout lien éducatif. L’objectif à atteindre pour chaque parent. A défaut, la relation de l'adulte avec le jeune peut se réduire à une conversation professionnelle, dénuée de densité émotionnelle, pauvre en émotions. De ce point de vue, la simple leçon ou explication du programme à réaliser est un misérable vestige de ce que l’on devrait attendre de l’école. Une annexe que personne ne lit. il faut éviter toute voix de microphone. Ce que nous disons et faisons doit être le fruit de notre vie. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons être crédibles.

Que signifie prendre en charge le regard des autres sinon être sérieux, débloquer les rouages, sortir de la fiction didactique ? Organiser les parcours pour devenir femme et homme nous interpelle tous,

mais trop souvent cette dimension sociale est ignorée : c'est la raison pour laquelle les enseignants se sentent seuls. N'étant plus soutenus et soutenus par leurs familles, ils ont dû boucher les trous ouverts ailleurs. Il s’agit d’une mission de substitution, d’une substitution éthique qui rend la figure de l’enseignant encore plus décisive aujourd’hui que par le passé. La culture du XXe siècle, déjà derrière nous mais toujours active dans la perception commune et presque exaltée par la révolution numérique, a nourri de nombreux malentendus : l’un d’eux avant tout est la conception de la liberté comme dépassement des limites et explosion du désir.

Habituer un jeune au calendrier quotidien des engagements est le premier pas à faire, sachant combien il peut être difficile à l'adolescence d'identifier la passion dominante, le tissage du projet à réaliser, mais c'est seulement de cette manière que l'action devient destiné à atteindre un but ne se perd pas dans le gribouillis, il ne se transforme pas en délire. Face à l'enfant immature, désireux de vivre les nombreuses images de lui-même qui tourbillonnent autour de lui comme des fantômes incandescents, nous devons rester forts, fermes, équilibrés, sans déserter le rendez-vous auquel il nous convie mais en même temps éviter de baisser les bras. et inclinons la tête simplement parce que nous ne pouvons accepter sa dissidence, sa protestation parfois violente et douloureuse. Au contraire, trop souvent, le chaos primordial dans lequel sombre l’adolescent risque de nous entraîner nous aussi dans le puits. Cela arrive lorsque nous n’avons pas résolu les enchevêtrements dans lesquels nous sommes empêtrés. Dans ces moments difficiles, il vaut mieux relever le défi en montrant sa propre faiblesse plutôt que de porter le masque de l’arrogance institutionnelle. En fin de compte, les enfants ont besoin d’authenticité et non de perfection abstraite.

Une vie consciente signifie choisir, puis renoncer à ce que nous pourrions être. Décider de suivre une seule voie, sans hésiter face à deux ou trois.

Il s’agit d’un acte de volonté individuelle qui, pour être vrai, doit s’appuyer sur un système de valeurs sûr et éprouvé. C’est ce que veulent les adolescents. D’une certaine manière, ils l’exigent, même obscurément, par exemple lorsqu’ils accomplissent des gestes d’automutilation. c'est comme s'ils nous demandaient implicitement le secret de la vie : où devons-nous aller ? Comment peux-tu être heureux ? Pourquoi est-ce que je me sens mal ? Comment puis-je échapper à l’ennui, au désespoir, à l’apathie, au manque de rêves ? Tout éducateur reçoit chaque jour ces questions radicales, surtout quand elles ne sont pas formulées mais filtrent dans les yeux de Mario, prêt à vous dire une chose et à en faire une autre, dans la douceur de Carlo, incapable de trouver un sens vital, dans l'amertume de Francesca,

laissée seule pour faire face à la séparation de ses parents. Pour montrer à ces enfants perdus le chemin à suivre, on ne peut se limiter à indiquer le précepte ; il faut l'incarner. Je n'utilise pas ce verbe au hasard. Si nous pouvions le comprendre pleinement, nous aurions trouvé le bon chemin. Légitimer les mots que nous utilisons en les faisant émerger de notre expérience. Ce serait le chemin qui nous ferait devenir adultes.